lunedì 1 aprile 2013

POESIA: Nicole Barrière

Celui qui nomme exil une porte ouverte, ne sait pas ce que retient le seuil.


Lavandes I

Alors on se pressait dans un nuage de brumes, et le nuage était un soleil blanc,
et les essences de l'être, grandes lignes de silence, dansaient dans le soleil tremblant

Lavandes! douceur fraîche des sachets bleus entre les draps de lin
Douceur extrême posée sur la baptiste des mouchoirs,
Ciel profond d'oliviers trop vastes pour l'or du couchant.

Ils rêvaient de ce pacte indicible qu'un peintre esquissa un soir d'allégresse
et les lavandes hautes dansaient entre deux astres,
inventaient les traits sombres et la terre traversés de printemps

quel soleil inaugurait la vague à l'est des lignes courbes?

Lavandes! un royaume d'abeilles en distillait le miel
alors se levait un gout de sucre rare, grave comme la bouche de femmes taciturnes
fragiles ombres évadées des paupières
se souvenant de temps heureux.


Lavandes II

Grand deuil de femme,
les années disparues
Lavandes lumineuses, clair de terre
Sur leurs hautes tiges mauves
elles appelaient la lune
comme les bergères de ce cri d'oiseau de nuit
Belles et tendres comme des libellules
Évanescentes ailes entre deux murets de pierre sèche - si près de la mort -
on sentait vaciller les paupières au battement d'élytres
le soleil courbait la ligne du ciel.
la lumière chantait près des ruchers
frisson d'oiseaux dans l'air de glace transparente.

Le soir.
Je me souviens du vent,
je me souviens du vent traversant les collines, des larmes vives au coin des yeux
Amour déçu d'une infante
Quel jardinier lui rendrait ses jardins de Grenade, ses rêves de pirogues enjambant le destin?

Je ne sais plus si le vent arrêtait ses larmes
si l'eau de son sourire abreuvait la nuit.
tandis que le monde vacille entre ses extrêmes
des eaux lentes du soir au lait des galaxies

Qui réchauffera le cœur noir de l'infante?
Lavandes III

Dans les lavandes toutes sortes de plantes et le silence du matin.

On t'appelle. Viendras-tu?

Renoue à la source d'enfance
Lentes plantes humaines
aux croissances incertaines
où tout n'est que rêve et tremplin de lumière.

Tendre l'ombre jusqu'aux lisières du rêve
Pouvoir voler le feu
Sans que le malheur en assèche la flamme

Et l'onde remuait entre les galets
soulevait un nuage de cendres
et la tristesse des loups que la peur tenaille.

Crois encore aux songes, à ce drap de lin bleu  tendu entre les âges
aux eaux vives du torrent bordé de violettes
Traversées d'hiver dans le puits des enfermements
il te faudra renaitre  par le soudain éloge du soleil , par le ciel bleu

Lavandes!
Sans nuage est la nuit étoilée.

Lavandes IV

Il te souvient de ces pleurs au matin des grands bans de tristesse
des nuits trop longues d'insomnie dans l'exil des jours
de l'effroi, de la peur, du silence résistant à l'appel.
Et ce regard de fièvre lente de la mort.

Pleure! pleure au creux des vieilles pierres
entre les bras de l'aïeule
pleure!
nul secours ne viendra des racines mais des galets cueillis au fond du lit

Lente et pâle tu te lèves, il faudra du courage, tu mettras un grand chapeau de soleil
pour abriter ton rêve,
tu ouvriras grandes les portes de l'exil
pour que les rayons en assèchent le seuil
tu inonderas la pluie venue de l'ouest avec les larmes de la nuit
Tièdes larmes de la douleur du monde que tu ne peux porter seule

Et voilà à ta bouche la douceur de l'amante, le suc des fleurs en pleine lumière
Midi. la vie sera belle si tu lèves la fleur noire qui couvre tes paupières
à l'ombre des persiennes.


Lavandes V

Il n'y a pas lieu de prier le front entre les mains absentes
Te souviens-tu des heures nocturnes quand dérive le monde entre tes mains?
Te souviens-tu des heures d'aube grise où tu résistes à la nuit?

Midi sans ombre t'appelle
Va sur les quais oublier l'exil des grands voiliers
où échoue la misère des peuples.
La terre ferme retient la mer hantée d'illisibles départs
au parfum entêtant des jasmins
Midi ouvert contre les plus vastes crimes
Midi au souffle de ton âge de naître vive
par la seule tendresse au jardin du poème
il y a lieu de prier l'abondante saison d'aimer.
Lavandes VI


Lavandes!
sur la haute garrigue veille la flamme bleue d'étoiles naines
la voix de blanche lune dénude les mots
Les loups se taisent de tristesse, tenaillés par la peur
Torches vives, les lavandes endurent la flamme du rêve étoilé et la solitude des loups.


Épilogues

Quelques mots blessent la mer
au lait bleu des vagues
Brise lisse du temps
le sang bat dans l'orbe des galets.

Aux cœurs de pierre
faire don de la source

Pleurerait la colline
au port des grâces
sur le front des vagues
se drape le soleil
dans sa discrète houle
de sang.

L'irritation des vagues
accuse la lumière

Frotte le galet
jusqu'à faire luire la jeunesse de la mer.

La force de l'écume berce le cri  désespéré
La langue étrangère de la mer se comprend au murmure des vagues

Lumière - tôle renversée où se plissent les vagues
oiseau- essor blanc où chante le zénith
arbre- tronc échoué , seul rescapé de la houle

Désormais cette plage que plus rien n'inspire
le jeu solitaire de la baigneuse entre les pages de magazine
l'homme au pas chancelant dérange les galets

Ah cette fraicheur d'eau sur le tempes
avant que le sel n'en blanchisse les bords
rive grise - insolence du temps

Attendre que la vague t'emporte de l'autre côté de son flanc
quelque chose de rude s'éprend du silence, te brise jusqu'à te rejeter débris de sable.

Avance entre deux hivers
dans le sillage de l'hirondelle.
28/03/12 Nicole Barrière

Poète, écrivain, essayiste, traductrice, Nicole BARRIERE a publié de nombreux recueils de poésie. Ses poèmes figurent dans de nombreuses anthologies et revues.
Administratrice de l'association "Du côté du Pont Mirabeau" à Paris,
Membre de la Société des Gens de Lettres et de Maison des écrivains
Directrice de la collection Accent tonique aux Éditions l'Harmattan et  de la collection « Terre natale » Éditions Phoenix (USA)
En s'engageant de manière militante pour les femmes et la paix, elle a lancé en 2001 un appel aux poètes du monde entier : « 1001 poèmes pour la paix et la démocratie en Afghanistan » Elle défend la francophonie, les langues et les cultures menacées.
Grand prix européen Orient-Occident du festival Cuerta de Arges (Roumanie) en juillet 2010.
Prix de  poésie féminine  Simone  Landry 8 mars 2011 France
Prix d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre MNAC Liban 2011
Ses poèmes sont traduits en italien, persan, espagnol, roumain, kabyle.
Elle travaille aussi à des créations en collaboration avec des vidéastes et des plasticiens, et organise de multiples lectures dans les associations ainsi que dans des manifestations internationales (Italie, Mexique, Sénégal, Algérie, Argentine)

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